Avec Desert Watch à la découverte d’El Jable, le désert de Lanzarote
Mis à jour le 31 octobre 2020 par Frédéric
Outre de nombreux volcans, des superbes plages et du vent, saviez-vous que Lanzarote compte aussi un désert de sable ? C’est « El Jable » entre Soo et Famara. Le nom vient du mot français « sable » qui aurait été donné à cette zone par les conquérants français lors de leur arrivée sur l’île après 1402. Qui pense désert pense lieu sans vie, mais comme on va le voir ci-dessous c’est loin d’être le cas.
La plaine d’El Jable
Cette plaine de sable d’environ 40 km² se trouve à peu près au milieu de Lanzarote et sépare les massifs montagneux du sud (Les montagnes de feu / Timanfaya) de celui du nord (Le Risco de Famara).
Contrairement à d’autres déserts où le sable est d’origine minérale, ici à El Jable c’est est un sable d’origine organique. Il est principalement composé de coquillages broyés ce qui lui donne des propriétés spécifiques.
Ce sable emmené par le vent venant du nord/Nord-est bute sur les falaises de Famara (où il crée déjà des dunes que l’on voit en arrivé) et est emporté par le vent jusqu’à la zone près de l’aéroport (Playa Honda / Guacimeta). Avant la multiplication des constructions ces 30 ou 40 dernières années, le vent permettait de recharger naturellement les plages dans les environs de Guacimeta avec le sable venu du nord. Maintenant c’est nettement moins le cas.
Matières nutritives et conservation de l’humidité
Ce sable d’origine organique fourni des matières nutritives et il est donc possible d’y réaliser des cultures. Ces cultures concernent principalement les patates douces, des pastèques, melons, … qui sont cultivés sous le sable. Outre ses propriétés nutritives, ce sable conserve l’humidité du sol, la température et favorise les infiltrations.
Culture souterraine
Les patates douces par exemple sont plantées après la pluie quand l’humidité est suffisante. Elles sont enfuies à environ 1 m sous la surface avec du fumier de chèvre et recouvertes d’une pyramide de sable surmontée d’un caillou. Ces patates douces sont très recherchées, car elles ont un goût particulier.
Présentation de Desert watch
L’association Desert Watch Lanzarote est active depuis 2015 et essaye de protéger cette zone naturelle. Elle cherche également à faire connaître cette zone particulière. C’est en discutant avec Carmen, la guide qui nous encadrait pour un tour en bateau des îles du nord de Lanzarote que j’ai découvert ce projet concernant El Jable. Passionnée par son sujet Carmen m’a suggéré de les rejoindre un samedi matin.
Comme tous les 15 jours, le rendez-vous était fixé à 8 heures du matin sur l’esplanade en face du complexe agro alimentaire qui se trouve sur la LZ-30 qui relie Teguise à San Bartolomé. Si cela vous intéresse, les informations se trouvent sur leur page facebook : https://www.facebook.com/lanzarotejablewatch
De là notre petit groupe composé de 2 biologistes récemment arrivés sur l’île, de Carmen, d’une autre membre de l’association et moi sommes parti en 4×4 pour sillonner El Jabble. Le but de cette première partie de matinée était d’observer et recenser les oiseaux rencontrés.
Courvite, Œdicnème et Outarde au programme
On a pu observer des Courvite isabelle, un oiseau qu’on appelle en Espagnol ‘Corredor Sahariano’ autrement dit ‘Courreur saharien’ à cause de son déplacement rapide au sol.
Lors d’une observation d’un petit groupe de ces Courvite, un de ces oiseaux a été attaqué par un faucon crécerelle « tombé » du ciel. Il lui a servi de petit déjeuner.
Nous avons également observé de nombreux Œdicnème criards ainsi que des Outardes houbara. On trouve environ 400 outardes à Lanzarote et Fuerteventura, mais 80 % d’entre elles se trouvent à Lanzarote et principalement dans la zone d’El Jabble.
Canettes déchirées
Lors d’un arrêt, Carmen nous a montré une canette de soda déchirée et a expliqué que c’était assez courant. Ces canettes sont problématiques, car il s’agit de pollution et donc démontrent un manque de respect de certains. Mais ces objets ont également une utilité pour certains animaux. La canette récolte de la condensation, et donc des lézards par exemple viennent y chercher de l’humidité et se cacher. Mais si les lézards s’y réfugient, des prédateurs comme les corbeaux vont chercher à les en déloger. Histoire de casser la croûte. C’est ce qui explique ces déchirures observées dans de nombreuses canettes. Les corbeaux et les rapaces parviennent à déchirer/ouvrir ces canettes afin de manger ce qui s’y trouve.
Tienda de Lourdes
Une fois arrivé près de Soo, cela a été l’occasion de faire une petite pausé café et d’aller faire quelques emplettes chez Lourdes, un petit supermarché ou l’on trouve de tout dont de nombreux fruits et légumes du coin. A l’entrée du magasin il y avait un panier avec des figues de barbarie. Intrigué j’ai demandé comment ça se mangeait et donc Lourdes la patronne nous a fait une petite démo. C’est ce que l’on voit dans la vidéo ci-dessous.
Je suis ressorti de là avec des figues, des avocats de chez son frère, des pitayas, … Si vous passez à Soo je ne peux que vous conseiller un petit arrêt chez Lourdes.
Zone protégée en théorie
Lors de la matinée Carmen a expliqué que cette zone d’El Jabble est protégée, du moins sur papier. Mais dans la réalité on en est loin. Beaucoup de gens du coin pensent que c’est un désert sans intérêt et que rien n’y vit ou n’y pousse et donc n’hésitent pas à y jeter toutes sortes de déchets. Surtout après le confinement : les gens ont eu du temps et des moyens pour bricoler chez eux et une fois le confinement terminé ils se sont débarrassés de leurs déchets.
Mais si à première vue la zone semble désertique, quand on prend le temps d’observer on peut y trouver de la vie. 36 espèces de plantes ont été recensées, la plupart sont endémiques de la région. On trouve des escargots, des insectes, oiseaux, …
Sensibilisation
Outre la sensibilisation du grand public avec des actions du type de celle à laquelle j’ai participé, Desert Watch essaye aussi de sensibiliser les élèves des écoles de ‘lîle en organisant des activités avec eux. Pour cela elle collabore avec des agriculteurs de la zone afin qu’ils expliquent et montrent aux enfants leur façon de cultiver cette zone. Cette opération est une sorte de win/win. Les élèves apprennent quelque chose mais du côté de l’agriculteur est il défrayé pour l’inciter à continuer à pratiquer ce type de culture (forcément très manuelle). C’est aussi une façon de les impliquer et de valoriser leur travail.
Plus d’infos sur Desert Watch Lanzarote
Personnellement j’ai trouvé cela extrêmement intéressant et je compte participer à nouveau à l’une des prochaines sorties. A noter que les activités se font en espagnol ou parfois en anglais ; mais pas en français.
Si vous souhaitez plus d’information sur Desert Watch, que vous avez envie de vous impliquer voici où trouver de l’information :
https://www.facebook.com/lanzarotejablewatch
Si vous souhaitez participer, contactez les un peu en avance pour les prévenir et voir si c’est possible.